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Guillaume Apollinaire 1880-1918      Bio

Le pont Mirabeau

Crépuscule

Nuit rhénane

 

Le pont Mirabeau

 

 

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu’il m’en souvienne

La  joie venait toujours après la peine

 

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l’onde si lasse

 

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

L’amour s’en va comme cette eau courante

L’amour s’en va

Comme la vie est lente

Et comme l’Espérance est violente

 

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

 

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

                                    (Alcools, 1913)

        Crépuscule

 

                A Mademoiselle Marie Laurencin

 

 

Frôlée par les ombres des morts

Sur l’herbe où le jour s’exténue

L’arlequine s’est mise nue

Et dans l’étang mire son corps

 

Un charlatan crépusculaire

Vante les tours que l’on va faire

Le ciel sans teinte est constellé

D’astres pâles comme du lait

 

Sur les tréteaux l’arlequin blême

Salue d’abord les spectateurs

Des sorciers venus de Bohême

Quelques fées et les enchanteurs

 

Ayant décroché une étoile

Il la manie à bras tendu

Tandis que des pieds un pendu

Sonne en mesure les cymbales

 

L’aveugle berce un bel enfant

La biche passe avec ses faons

Le nain regarde d’un air triste

Grandir l’arlequin trismégiste

 

                                        (Alcools, 1913)

        Nuit rhénane

 

 

Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme

Ecoutez la chanson lente d’un batelier

Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes

Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds

 

Debout chantez plus haut en dansant une ronde

Que je n’entende plus le chant du batelier

Et mettez près de moi toutes les filles blondes

Au regard immobile aux nattes repliées

 

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent

Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter

La voix chante toujours à en râle-mourir

Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été

 

Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire

 

                                        (Alcools, 1913)

 

 

Louis Aragon 1897-1982      Bio

Les yeux d'Elsa

Une solitude infinie

Il n'y a pas d'amour heureux

        Les yeux d’Elsa

 

 

Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire

J’ai vu tous les soleils y venir se mirer

S’y jeter à mourir tous les désespérés

Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire

 

A l’ombre des oiseaux c’est l’océan troublé

Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent

L’été taille la nue au tablier des anges

Le ciel n’est jamais bleu comme il l’est sur les blés

 

Les vents chassent en vain les chagrins de l’azur

Tes yeux plus clair que lui lorsqu’une larme y luit

Tes yeux rendent jaloux le ciel d’après la pluie

Le verre n’est jamais si bleu qu’à sa brisure

 

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée

Sept glaives ont percé le prisme des couleurs

Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs

L’iris troué de noir plus bleu d’être endeuillé

 

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche

Par où se produit le miracle des Rois

Lorsque le cœur battant ils virent tous les trois

Le manteau de Marie accroché dans la crèche

 

Une bouche suffit au mois de Mai des mots

Pour toutes les chansons et pour tous les hélas

Trop peu d’un firmament pour des millions d’astres

Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

 

L’enfant accaparé par les belles images

Ecarquille les siens moins démesurément

Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens

On dirait que l’averse ouvre des fleurs sauvages

 

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où

Des insectes défont leurs amours violentes

Je suis pris au filet des étoiles filantes

Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d’août

 

J’ai retiré ce radium de la pechblende

Et j’ai brûlé mes doigts à ce feu défendu

O paradis cent fois retrouvé reperdu

Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

 

Il advint qu’un beau soir l’univers se brisa

Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent

Moi je voyais briller au-dessus de la mer

Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa

 

                                    (Les Yeux d'Elsa, 1942)

        Une solitude infinie

 

                                   A robert Desnos

 

La divine élégie s’est assise en pleurant

Elle compte les graviers du gravier

Les plumes les brindilles les fétus

De paille

Ses voiles sont pendus à son beau corps d’albâtre

Comme la lyre d’or au fronton d’un théâtre

Elle murmure un mot que l’écho lui redit

C’est l’heure où tout sommeille

C’est le moment suprême

C’est le moment où jamais

C’est l’heure du berger

Il y a plein d’étoiles dans le firmament

Il y en a de toutes les grandeurs

Des vertes et des pas mûres

Cassiopée aussi est une jolie fille

Elle compte les fétus les plumes les brindilles

Elle s’assied en pleurant

Le long du courant

D’un petit ruisseau

J’y vois un bateau

Des bonbons des fleurs

De toutes les couleurs

 

                                (Le Mouvement perpétuel, 1926)

            Il n’y a pas d’amour heureux

 

 

Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force

Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit

Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix

Et quand il croit serrer son bonheur il le broie

Sa vie est un étrange et douloureux divorce

            Il n’y a pas d’amour heureux

 

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes

Qu’on avait habillés pour un autre destin

A quoi peut leur servir de se lever matin

Eux qu’on retrouve au soir désoeuvrés incertains

Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes

            Il n’y a pas d’amour heureux

 

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure

Je te porte dans moi comme un oiseau blessé

Et ceux-là sans savoir nous regardent passer

Répétant après moi les mots que j’ai tressés

Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

            Il n’y a pas d’amour heureux

 

Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard

Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson

Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson

Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson

Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare

            Il n’y a pas d’amour heureux

 

Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur

Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri

Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri

Et pas plus que de toi l’amour de la patrie

Il n’y pas d’amour qui ne vive de pleurs

            Il n’y a pas d’amour heureux

            Mais c’est notre amour à tous deux

 

                                     (La Diane Française, 1946)

 

 

Théodore de Banville 1823-1891      Bio

La Muse

Les Princesses

La Satyresse

            La Muse

 

La muse est un oiseau, disait un maître ancien.

(Auguste Vacquerie.)

 

Près du ruisseau, sous la feuillée,

Menons la Muse émerveillée

Chanter avec le doux roseau,

Puisque la Muse est un oiseau.

 

Puisque la Muse est un oiseau,

Gardons que quelque damoiseau

N'apprenne ses chansons nouvelles

Pour aller les redire aux belles.

 

Un méchant aux plus fortes ailes

Tend mille pièges infidèles.

Gardons-la bien de son réseau,

Puisque la Muse est un oiseau.

 

Puisque la Muse est un oiseau,

Empêchons qu'un fatal ciseau

Ne la poursuive et ne s'engage

Dans les plumes de son corsage.

 

Mère, veillez bien sur la cage

Où la Muse rêve au bocage.

Veillez en tournant le fuseau,

Puisque la Muse est un oiseau.

 

                                  (Les stalactites, 1846)

            Les Princesses

 

 

Les Princesses, miroir des cieux riants, trésor

Des âges, sont pour nous au monde revenues;

Et quand l'Artiste en pleurs, qui les a seul connues,

Leur ordonne de naître et de revivre encor,

 

On revoit dans un riche et fabuleux décor

Des meurtres, des amours, des lèvres ingénues,

Des vêtements ouverts montrant des jambes nues,

Du sang et de la pourpre et des agrafes d'or.

 

Et les Princesses, dont les siècles sont avares,

Triomphent de nouveau sous des étoffes rares:

On voit les clairs rubis sur leurs bras s'allumer,

 

Les chevelures sur leurs fronts étincelantes

Resplendir, et leurs seins de neige s'animer,

Et leurs lèvres s'ouvrir comme des fleurs sanglantes.

 

                                      (Les Princesses, 1874)

            La Satyresse

 

Frontispice, à Léopold Flameng.

 

Ce n'est pas dans une maison

Qu'elle endort tes joyeuses fièvres,

Printemps charmeur, quand tu nous sèvres

Du lait amer de la Raison;

 

Mais par les prés en floraison

Elle a sa double flûte aux lèvres!

Indocile comme les chèvres,

Elle s'assied dans le gazon,

 

Et jeune, folâtre, ingénue,

Offrant sa belle gorge nue

Au zéphyr de ces lieux déserts,

 

La Satyresse aux yeux fantasques

Fait danser, en jouant des airs,

Une troupe de petits masques.

 

                            (Occidentales, 1869)

 

 

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