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Charles Baudelaire 1821-1867      Bio

Correspondances

L'homme et la mer

Spleen

Recueillement

Invitation au voyage

 

 

            Correspondances

 

 

La nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers.

 

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

 

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,

Doux comme les hautbois, vers comme les prairies,

- Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

 

Ayant l’expansion des choses infinies,

Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,

Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

 

                                    (Les fleurs du mal, 1857-1868)

            L’homme et la mer

 

 

Homme libre, toujours tu chériras la mer !

La mer set ton miroir ; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame,

Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

 

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;

Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur

Se distrait quelques fois de sa propre rumeur

Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

 

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :

Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;

Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,

Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

 

Et cependant voilà des siècles innombrables

Que vous vous combattez sans pitié ni remord,

Tellement vous aimez le carnage et la mort,

Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

 

                                   (Les fleurs du mal, 1857-1868)

                Spleen

 

 

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,

Et que de l'horizon embrassant tout le cercle

Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

 

Quand la terre est changée en un cachot humide,

Où l'espérance, comme une chauve-souris,

S'en va battant le mur de son aile timide

Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

 

Quand la pluie étalant ses immenses traînées

D'une vaste prison imite les barreaux,

Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées

Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

 

Des cloches tout à coup sautent avec furie

Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,

Ainsi que des esprits errants et sans patrie

Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

 

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,

Vaincu, pleure, et l'angoisse atroce, despotique,

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

 

                                   (Les fleurs du mal, 1857-1868)

Recueillement

 

 

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :

Une atmosphère obscure enveloppe la ville,

Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

 

Pendant que des mortels la multitude vile,

Sous le fouet du plaisir, ce bourreau sans merci,

Va cueillir des remords dans la fête servile,

Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

 

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,

Sur les balcons du ciel, en robes surannées;

Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

 

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,

Et comme un long linceul, traînant à l'Orient,

Entends, ma Chère, entends la douce Nuit qui marche.

 

                                   (Les fleurs du mal, 1857-1868)

        Invitation au Voyage

 

 

Mon enfant, ma soeur,

Songe à la douceur,

D'aller là-bas, vivre ensemble !

Aimer à loisir,

Aimer et mourir,

Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés,

De ces ciels brouillés,

Pour mon esprit ont les charmes,

Si mystérieux,

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.

 

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

 

Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre ;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l'ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

A l'âme en secret

Sa douce langue natale.

 

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe,calme et volupté.

 

Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux

Dont l'humeur est vagabonde ;

C'est pour assouvir

Ton moindre désir

Qu'ils viennent du bout du monde.

Les soleils couchants

Revêtent les champs

Les canaux, la ville entière

D'hyacinthe et d'or ;

Le monde s'endort

Dans une chaude lumière

 

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe,calme et volupté.

 

                                   (Les fleurs du mal, 1857-1868)

 

 

Robert Brasillach 1909-1945      Bio

Le Camarade Mon pays me fait mal Bijoux Seigneur, voici couler le sang de la patrie...

Le Camarade

 

 

Nous l'avons vu qui franchissait la porte,

Nous l'avons vu qui détournait le front,

Nous l'avons vu, dans la nuit juste morte,

Qui s'en allait à travers la prison.

 

Nous l'avons vu, comme déjà tant d'autres

Hors de ces murs et vers les jugements,

Qu'ils soient ou non comptés parmi les nôtres

S'en sont allés, si fraternellement.

 

Nous l'avons vu vers les édits des hommes

Par ce matin d'automne pourrissant,

Nous l'avons vu, pareil à qui nous sommes,

Marcher tranquille et même un peu riant.

 

Nous l'avons vu dans cette aube suintante.

Nous l'avons vu parmi les au-revoir,

Et nous avons commencé notre attente

Le verrons-nous lorsque viendra le soir ?

 

                                (Poèmes de Fresnes, 1944)

Mon pays me fait mal

 

 

Mon pays m'a fait mal par ses routes trop pleines,

Par ses enfants jetés sous les aigles de sang,

Par ses soldats tirant dans les déroutes vaines,

Et par le ciel de juin sous le soleil brûlant.

 

Mon pays m'a fait mal sous les sombres années,

Par les serments jurés que l'on ne tenait pas,

Par son harassement et par sa destinée,

Et par les lourds fardeaux qui pesaient sur ses pas.

 

Mon pays m'a fait mal par tous ses doubles jeux,

Par l'océan ouvert aux noirs vaisseaux chargés,

Par ses marins tombés pour apaiser les dieux,

Par ses liens tranchés d'un ciseau trop léger.

 

Mon pays m'a fait mal par tous ses exilés,

Par ses cachots trop pleins, par ses enfants perdus,

Ses prisonniers parqués entre les barbelés,

Et tous ceux qui sont loin et qu'on ne connaît plus.

 

Mon pays m'a fait mal par ses villes en flammes,

Mal sous ses ennemis et mal sous ses alliés,

Mon pays m'a fait mal dans son corps et son âme,

Sous les carcans de fer dont il était lié.

 

Mon pays m'a fait mal par toute sa jeunesse

Sous des draps étrangers jetée aux quatre vents,

Perdant son jeune sang pour tenir les promesses

Dont ceux qui les faisaient restaient insouciants,

 

Mon pays m'a fait mal par ses fosses creusées

Par ses fusils levés à l'épaule des frères,

Et par ceux qui comptaient dans leurs mains méprisées

Le prix des reniements au plus juste salaire.

 

Mon pays m'a fait mal par ses fables d'esclave,

Par ses bourreaux d'hier et par ceux d'aujourd'hui,

Mon pays m'a fait mal par le sang qui le lave,

Mon pays me fait mal. Quand sera-t-il guéri ?

                              

                                    (Poèmes de Fresnes, 1944)

Bijoux

 

 

Je n'ai jamais eu de bijoux,

Ni bagues, ni chaînes aux poignets,

Ce sont choses mal vues chez nous

Mais on m'a mis la chaîne aux pieds.

 

On dit que ce n'est pas viril,

Les bijoux sont faits pour les filles

Aujourd'hui comment se fait-il

Qu'on m'ait mis la chaîne aux chevilles ?

 

Il faut connaître toutes choses,

Être curieux du nouveau :

Étrange est l'habit qu'on m'impose

Et bizarre ce double anneau.

 

Le mur est froid, la soupe est maigre,

Mais je marche, ma foi, très fier,

Tout résonnant comme un roi nègre,

Paré de ses bijoux de fer.

 

                                (Poèmes de Fresnes, 1944)

        Seigneur, voici couler le sang de la patrie...

                            (Psaume IV)

 

 

Seigneur, voici couler le sang de la patrie.

J'entends le bruit qu'il fait en tombant sur la terre,

Le bruit sourd, en cinq ans de luttes ennemies.

De ces gouttes tombant du corps de tant de frères.

 

Seigneur, voici couler le sang de notre race,

Sang du combat guerrier, sang des guerres civiles,

Sang des foyers noircis que quelque flamme efface,

Sang de ceux qu'on fusille aux fossés de nos villes.

 

Seigneur, voici couler le sang de notre terre.

Le sang qui a coulé n'est jamais qu'un sang pur,

Et le voici mêlé, le sang des adversaires,

Figé sur nos pavés comme un verglas plus dur.

 

Seigneur voici couler le sang de nos garçons,

Il a tout recouvert la patrie déchirée.

Quand verrons-nous jaillir, ô tardive saison,

De tout ce sang versé la moisson désirée?

 

                                    (Poèmes de Fresnes, 1944)

 

Charles Cros 1842-1888      Bio

Ballade du dernier amour

La vie idéale

Pluriel féminin

 

        Ballade du dernier amour

 

 

Mes souvenirs sont si nombreux

Que ma raison n'y peut suffire.

Pourtant je ne vis que par eux,

Eux seuls me font pleurer et rire.

Le présent est sanglant et noir ;

Dans l'avenir qu'ai-je à poursuivre ?

Calme frais des tombeaux, le soir !...

Je me suis trop hâté de vivre.

 

Amours heureux ou malheureux,

Lourds regrets, satiété pire,

Yeux noirs veloutés, clairs yeux bleus,

Aux regards qu'on ne peut pas dire,

Cheveux noyant le démêloir

Couleur d'or, d'ébène ou de cuivre,

J'ai voulu tout voir, tout avoir.

Je me suis trop hâté de vivre.

 

je suis las. Plus d'amour. je veux

Vivre seul, pour moi seul décrire

Jusqu'à l'odeur de tes cheveux,

Jusqu'à l'éclair de ton sourire,

Dire ton royal nonchaloir,

T'évoquer entière en un livre

Pur et vrai comme ton miroir.

Je me suis trop hâté de vivre.

 

ENVOI

 

Ma chanson, vapeur d'encensoir,

Chère envolée, ira te suivre.

En tes bras j'espérais pouvoir

Attendre l'heure qui délivre ;

Tu m'as pris mon tour. Au revoir.

Je me suis trop hâté de vivre.

    (Le coffret de santal, 1873)

La vie idéale

 

à May

 

 

Une salle avec du feu, des bougies,

Des soupers toujours servis, des guitares,

Des fleurets, des fleurs, tous les tabacs rares,

Où l'on causerait pourtant sans orgies.

 

Au printemps lilas, roses et muguets,

En été jasmins, oeillets et tilleuls

Rempliraient la nuit du grand parc où, seuls

Parfois, les rêveurs fuiraient les bruits gais.

 

Les hommes seraient tous de bonne race,

Dompteurs familiers des Muses hautaines,

Et les femmes, sans cancans et sans haines,

Illumineraient les soirs de leur grâce.

 

Et l'on songerait, parmi ces parfums

De bras, d'éventails, de fleurs, de peignoirs,

De fins cheveux blonds, de lourds cheveux noirs,

Aux pays lointains, aux siècles défunts.

 

                                        (Le coffret de santal, 1873)

Pluriel féminin

 

 

Je suis encombré des amours perdues,

Je suis effaré des amours offertes.

Vous voici pointer, jeunes feuilles vertes.

Il faut vous payer, noces qui sont dues.

 

La neige descend, plumes assidues.

Hiver en retard, tu me déconcertes.

Froideur des amis, tu m'étonnes, certes.

Et mes routes sont désertes, ardues.

 

Amours neuves, et vous amours passées,

Vous vous emmêlez trop dans mes pensées

En des discordances éoliennes.

 

Printemps, viens donc vite et de tes poussées

D'un balai d'églantines insensées

Chasse de mon coeur les amours anciennes !

 

                            (Le collier de griffes, 1908)

 

Marceline Desbordes -Valmore 1786-1859      Bio

Rêve d'une femme

Fleur d'enfance

Un moment

 

            Rêve d'une femme

 


Veux-tu recommencer la vie ?
Femme, dont le front va pâlir,
Veux-tu l'enfance, encor suivie
D'anges enfants pour l'embellir ?
Veux-tu les baisers de ta mère
Échauffant tes jours au berceau ?
- "Quoi ? mon doux Eden éphémère ?
Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau !"

Sous la paternelle puissance
Veux-tu reprendre un calme essor ?
Et dans des parfums d'innocence
Laisser épanouir ton sort ?
Veux-tu remonter le bel âge,
L'aile au vent comme un jeune oiseau ?
- "Pourvu qu'il dure davantage,
Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau !"

Veux-tu rapprendre l'ignorance
Dans un livre à peine entr'ouvert :
Veux-tu ta plus vierge espérance,
Oublieuse aussi de l'hiver :
Tes frais chemins et tes colombes,
Les veux-tu jeunes comme toi ?
- "Si mes chemins n'ont plus de tombes,
Oh ! oui, mon Dieu ! rendez-les moi !"

Reprends-donc de ta destinée,
L'encens, la musique, les fleurs ?
Et reviens, d'année en année,
Au temps qui change tout en pleurs ;
Va retrouver l'amour, le même !
Lampe orageuse, allume-toi !
"- Retourner au monde où l'on aime...
Ô mon Sauveur ! éteignez-moi !"

 

                                    (Elégies)

            Fleur d'enfance

 


L'haleine d'une fleur sauvage,
En passant tout près de mon coeur,
Vient de m'emporter au rivage,
Où naguère aussi j'étais fleur :
Comme au fond d'un prisme où tout change,
Où tout se relève à mes yeux,
Je vois un enfant aux yeux d'ange :
C'était mon petit amoureux !

Parfum de sa neuvième année,
Je respire encor ton pouvoir ;
Fleur à mon enfance donnée,
Je t'aime ! comme son miroir.
Nos jours ont séparé leur trame,
Mais tu me rappelles ses yeux ;
J'y regardais flotter mon âme :
C'était mon petit amoureux !

De blonds cheveux en auréole,
Un regard tout voilé d'azur,
Une brève et tendre parole,
Voilà son portrait jeune et pur :
Au seuil de ma pauvre chaumière
Quand il se sauvait de ses jeux,

Que ma petite âme était fière ;
C'était mon petit amoureux !

Cette ombre qui joue à ma rive
Et se rapproche au moindre bruit,
Me suit, comme un filet d'eau vive,
A travers mon sentier détruit :
Chaste, elle me laisse autour d'elle
Enlacer un chant douloureux ;
Hélas ! ma seule ombre fidèle,
C'est vous ! mon petit amoureux !

Femme ! à qui ses lèvres timides
Ont dit ce qu'il semblait penser,
Au temps où nos lèvres humides
Se rencontraient sans se presser ;
Vous ! qui fûtes son doux Messie,
L'avez-vous rendu bien heureux ?
Du coeur je vous en remercie :
C'était mon petit amoureux !

 

                                        (Elégies)

                Un moment

 


Un moment suffira pour payer une année ;
Le regret plus longtemps ne peut nourrir mon sort.
Quoi ! L'amour n'a-t-il pas une heure fortunée
Pour celle dont, peut-être, il avance la mort ?

Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c'est trop d'une heure... un moment ! Un moment !

Vois-tu ces fleurs, amour ? C'est lui qui les envoie,
Brûlantes de son souffle, humides de ses pleurs ;
Sèche-les sur mon sein par un rayon de joie,
Et que je vive assez pour lui rendre ses fleurs !

Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c'est trop d'une heure... un moment ! Un moment !

Rends-moi le son chéri de cette voix fidèle :
Il m'aime, il souffre, il meurt, et tu peux le guérir !
Que je sente sa main, que je dise : " C'est elle ! "
Qu'il me dise : " Je meurs ! " alors, fais-moi mourir.

Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c'est trop d'une heure... un moment ! Un moment !

 

                                                    (Romances)

 

 

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